Coup de barre j’Écrins le pire, une nouvelle ligne ouverte à la face sud de la Barre des Écrins
L'automne est définitivement la saison des ouvertures en mixte, de haut voile plus souvent. Le trio composé de Max Bonniot, Mathieu Pétrie et Pierre Labbre s'est emparé d'une difficile ligne de mixte en face sud de la Barre des Écrins (4 102 m), le 8 novembre 2012. Le butin baptisé Coup de Barre j'Écrins le pire ! est évalué à ED+, Vi, 6, M6, 6b, Al + et a été remporté au terme de vingt-quatre heures de lutte, du ciel bleu à la tempête. Un beau coup d'alpinisme.
Une ouverture en mixte est bien souvent une histoire d'opportunité, un « coup » à faire lorsque les conditions s'y prêtent. Observée depuis longtemps par Mathieu Détrie (guide en Oisans) et Max Bonniot (étudiant grenoblois), « obsédant » même ce dernier, la ligne de Coup de Barre, j'Écrins le pire lest assez évidente depuis le glacier Noir ou le pic Coolidge (3775 m), juste à droite de la goulotte Gabarrou / Marsigny (juillet 1980), avec un départ commun dans les pentes de neige conduisant au col des Avalanches.
En ce mois de novembre 2012, les conditions semblaient réunies: « Il faisait beau temps mais un ciel voilé était annoncé pour la suite. Cela semblait parfait pour que la face, un véritable four, ne chauffe pas trop et que les stalactites présentes dans la ligne ne leur tombent pas sur la tête.
Novembre offre sûrement le meilleur compromis température / conditions de glace dans cette paroi, mais ils ont tout de même trouvé la voie dangereuse. »
Deux passages clés pour l’ascension
La ligne propose deux passages clés, où l'escalade de deux chandelles de glace que les alpinistes répétiteurs trouveront probablement en free standing : l'un s'atteint au terme d'un passage de mixte, l'autre après une section d'escalade artificielle.
Les possibilités de protections sont typiques du massif : délicates. Max Bonniot : « Ici, ce n'est pas Chamonix ! On ne jette pas des friends rouges à tout va ! «A ce petit jeu, Pierre Labbre, guide chamoniard d'adoption mais qui a grandi sur le rocher pyrénéen, s'est engagé et a franchi l'un des passages clé sans les gants, en libre, sur une section de dix mètres évaluée à 6b/c et protégée par quelques coinceurs plutôt décoratifs…
Au fur et à mesure de l'avancée de la cordée, le temps s'est dégradé et a obligé le trio à progresser sous la neige, sur un rocher givré, sans visibilité. Sortis des passages raides, ils ont mis près d'une heure trente pour rejoindre la brèche Lory (3974 m), d'où ils ont regagné le refuge Temple-Écrins à 2 h 30 du matin, au terme de vingt-quatre heures de course.
Source : le blog de Max Bonniot